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BLACK FRIDAY : ON ADOPTE OU ON ADAPTE ?

Dernière mise à jour : 5 janv. 2021

Cette année, en raison de la pandémie et pour soutenir l’activité des petits commerces après un nouveau mois de fermeture, le Gouvernement français a exceptionnellement reporté le Black Friday au vendredi 4 décembre, initialement prévu le 27 novembre. Une initiative permettant aux petits commerces de rouvrir une semaine avant pour se préparer à cette journée de promotions.


Depuis quelques années, le changement climatique et les interrogations sur notre modèle consumériste divisent les consommateurs. Il y a ceux, à l’affut des bonnes affaires ou du bon chiffre d’affaires, qui attendent impatiemment le Black Friday et les autres qui le dénoncent comme une aberration environnementale.


Revenons sur les origines du Black Friday et les évolutions de cet événement qui suivent de près l’évolution même de nos sociétés.

Sommaire


 

1. L’ORIGINE DU BLACK FRIDAY

Le Black Friday a vu le jour aux États-Unis et se déroule chaque dernier vendredi du mois de novembre. Ce phénomène aujourd’hui international dédie une journée de promotions et de rabais pour que les magasins et les boutiques en ligne puissent liquider leurs stocks et ainsi marquer les premiers achats des fêtes de fin d’année.


D’où vient cette tradition ?

À l’origine, cette journée commémore l’aide apportée par les indigènes aux colons anglais qui ont débarqué aux États-Unis en 1620. C’est peu après la guerre d’indépendance (1775-1783) que Thanksgiving est devenue une fête nationale, grâce au Président américain Abraham

Lincoln.

Aux États-Unis, Thanksgiving est un jour férié. Il était de coutume que les entreprises accordent à leurs salariés un jour de congé le jour suivant, pour profiter de ce long weekend, afin de commencer les premiers achats des fêtes de fin d’année. Les commerçants ont vite compris qu’en proposant des réductions à prix cassés, ils pouvaient attirer davantage de clients.


L’origine du Black Friday, en tant qu’événement commercial, remonterait aux années 1930, quand des commerçants l’ont instauré afin de redynamiser l’économie post Grande Dépression de 1929. Le vendredi succédant à Thanksgiving marque ainsi le début du « Black Friday » et la fameuse tradition de réaliser des remises exceptionnelles.


Que signifie Black Friday ?

Le Black Friday recouvre plusieurs significations et mythes :


  • En septembre 1869 à New York, deux hommes d’affaires Jay Gould et James Fisk ont fait scandale en manipulant le marché de l’or et causent un krach boursier, nommé « Black Friday ». Leur but était de profiter de la loi de l’offre et la demande, signifiant que plus le prix augmente, plus la demande diminue.

  • En 1951, Bonnie Taylor-Blake, chercheur en neurosciences, utilise le terme de Black Friday pour analyser l’absentéisme des travailleurs après Thanksgiving pour aller faire les magasins, dans un article intitulé « Vendredi après Thanksgiving » publié par le magazine Factory Management and Maintenance.


  • A Philadelphie en 1960, la police utilisait l’expression « vendredi noir » pour désigner les routes embouteillées et les rues bondées par les piétons et les automobilistes après la journée de Thanksgiving. Le journaliste Nathan Kleger, reporter pour la police de Philadelphie, a rédigé un article pour dénoncer et décrire les conditions terribles de la circulation le jour après Thanksgiving, utilisant le terme de la police en nommant cette journée « Black Friday ».


  • Entre 1970 et 1980, le terme Black Friday fait référence aux commerçants qui réalisaient leur comptabilité à la main et écrivaient en rouge lorsqu’ils étaient en déficit. La journée du vendredi noir leur permettait ainsi de sortir du rouge et ils écrivaient à l’encre noire lorsqu’ils sortaient du rouge pour marquer l’atteinte de leurs objectifs.


  • En 1970, le terme Black Friday était peu apprécié des commerçants, qui plusieurs fois ont essayé en vain de changer pour un terme plus positif avec « Big Friday » Grand Vendredi. Leurs efforts ont échoué et le nom Black Friday reste dans les mémoires.


  • Grâce à l’essor des sites e-commerces et des boutiques en ligne, le phénomène Black Friday s’impose en Europe entre 2014 et 2016, notamment avec le géant américain Amazon.


En quelques chiffres, le Black Friday en France en 2019 :

En France, cet événement connait un véritable essor dans la société et ce phénomène continue à prendre de l’ampleur, séduisant de plus en plus de consommateurs. L’année dernière, l’action a rapporté plus de 5,9 milliards d’euros dont 1,07 milliards d’euros par la vente en ligne, qui sont dépensés par 62% des Français.

Le Black Friday incite à la consommation en proposant des prix cassés pendant seulement quatre jours. Par exemple, le prix d’une télévision habituellement vendue à 500€ peut-être soldée à 300€ mais uniquement pendant quatre jours pour déclencher rapidement l’acte d’achat.


Qu’est-ce que le Cyber Monday ?

Le Cyber Monday est apparu en 2005 avec l’essor d’internet et est consécutif au Black Friday. Ce lundi vise à encourager les achats en ligne et ainsi faire « durer le plaisir » des promotions aux clients. Pour les commerçants, c’est un moyen de continuer à réaliser des recettes importantes.


L’impact de la pandémie COVID-19 sur le commerce

Depuis le premier confinement de plus en plus de consommateurs ont modifié leur façon d’acheter et la plupart d’entre eux ont pris conscience de la nécessité de consommer plus raisonnablement, localement et durablement.




 

2. LES IMPACTS SOCIÉTAUX ET ENVIRONNEMENTAUX

Aujourd’hui, presqu’aucun Américain ne manque ce rendez-vous, qui est depuis devenu un jour férié. Aux États-Unis, cette journée peut engendrer des cohues générales, des scènes d’hystérie et de violentes altercations, d’où son nom parfois utilisé de « vendredi fou ». Un des premiers décès causés par ce phénomène concerne un employé de magasin qui s’est fait piétiner par la foule lors de l’ouverture. Le site Black Friday Death Count compte aujourd’hui 14 morts et 117 blessés, en lien avec cet événement.


Une spirale à la surconsommation

Le Black Friday marque notre société actuelle et nous pousse sans arrêt à la consommation excessive. Publicités, promotions limitées, tout est fait pour que nous dépensions ce jour-là et que nous nous laissions séduire par des achats compulsifs dont nous n’avons pas nécessairement besoin.


Une incitation à la surproduction

Ce phénomène de surconsommation est donc soutenu par une logique de surproduction.

L’effet le plus visible concerne l’habillement. Au début du 21ème siècle, le « fast fashion », que l’on peut traduire par mode éphémère ou collection rapide à petits prix, s’est développé grâce à des marques telles que Zara et H&M. Entre les années 2000 et 2014, la production de vêtements a doublé dans le monde.


En 2016, selon une enquête réalisée par Greenpeace :

« 1 personne achète 60% de vêtements de plus qu’il y a 15 ans, et les conserve deux fois moins longtemps ».


Source inéluctable de gaspillage

Nous consommons et gaspillons deux fois plus que le siècle précédent. Plus nous achetons et plus les entreprises trouvent des moyens pour nous inciter à acheter, continuant cette spirale de consumérisme qui finit irrémédiablement à la dégradation à grande échelle de notre environnement et de nos ressources.


Lorsque nous surconsommons, cela signifie : soit, que nous achetons ce qui n’est pas nécessaire et que nous aurons de fortes probabilités de ne pas utiliser ; soit, que nous achetons en trop et que nous n’aurons pas le temps de consommer ou d’utiliser.

Au bout de la chaîne de distribution, un autre phénomène se produit : les entreprises doivent tout au long de l’année gérer les invendus qui, en étant stockés représentent un coût. Ceci est d’autant plus vrai lorsqu’une période de promotions se termine. Certaines d’entre elles préféraient les détruire plutôt que de les stocker ou les vendre à prix réduits : une aberration écologique mise en lumière suite au scandale de destructions massives d’Amazon.



Des mesures gouvernementales pour contrer la surconsommation

  • Une loi anti-Black Friday ? En décembre 2019, l’Assemblée vote une mesure symbolique pour freiner la surconsommation et contrer certaines publicités « trompeuses » et considérées comme « agressives », notamment lors du Black Friday. A l’origine, l’ancienne Ministre de l’Ecologie Delphine Batho et les députés de la commission du Développement durable souhaitaient associer les promotions du Black Friday à ces pratiques dites «agressives», passibles d'un emprisonnement de deux ans et d'une amende de 300.000 euros, et visaient purement et simplement l’interdiction du Black Friday.

Néanmoins, ce dispositif se révélait « peu opérant » dans son objectif premier, puisque les lois françaises ne font qu’encadrer mais ne définissent pas les promotions, contrairement aux soldes. « Les opérations promotionnelles sont libres, et par conséquent aucun fondement légal ne rend possible leur interdiction », précise maître Julia Bricca, avocate au barreau de Lyon.

De plus, l’Union européenne a également édicté une directive qui a été transposée dans la loi française en 2011, et qui précise qu’on ne peut interdire une opération commerciale, sauf si elle revêt un caractère déloyal selon des critères établis par cette même directive. « Le Black Friday n'est pas illégal en soi. Ce qui est illégal ce sont les publicités trompeuses, agressives et fausses qui modifient le comportement du consommateur», explique maître Elsa Raitberger, avocate spécialiste en droit de la consommation.


Les nombreuses controverses et discussions de ces dernières semaines montrent que le sujet reste très sensible dans notre société.


  • Campagne « Nos objets ont plein d’avenirs » Le Ministère de la Transition écologique en partenariat avec l’ADEME lance pour la deuxième année consécutive une campagne de sensibilisation, incitant les citoyens à favoriser l’allongement de la durée d’usage de nos objets en les recyclant ou en les donnant plutôt que de les jeter, et propose plusieurs actions anti-gaspillage pour leur redonner une seconde vie. Pour accéder à des conseils pratiques : longuevieauxobjets.gouv.fr

 

3. GREEN FRIDAY – LA JOURNÉE ANTI-BLACK FRIDAY


Les origines du Green Friday

Le mouvement Green Friday a été mis en place par le collectif d’associations et d’entreprises Altermundi, Dreamact, Envie et le Réseau des Acteurs du Réemploi (REFER) en 2017, en se positionnant comme l’anti-Black Friday.



Son objectif est de :

« Sensibiliser à la consommation responsable et dénoncer la logique du Black Friday, sans culpabilisation, mais en remettant les choix citoyens au cœur des enjeux environnementaux et sociétaux liés à la consommation » (Source Greenfriday.fr)



L’engagement du collectif Green Friday

  • En rejoignant le mouvement, les entreprises s’engagent à :

  • Les citoyens peuvent prendre part au mouvement en devenant les acteurs de leur consommation.


Gardons en mémoire que consommer c’est choisir :

«Chaque euro dépensé est un vote pour le monde dans lequel nous voulons vivre».

Source : Green Friday.fr



Le mouvement prend de l’ampleur

Aujourd’hui, plus de 500 marques ont rejoint le collectif pour agir et changer notre mode de consommation vers une consommation plus responsable.


Sur les réseaux sociaux, dont Instagram, un challenge intitulé #GreenFridayChallenge vise à changer nos habitudes sur 30 jours avec des petits défis proposés sous diverses formes (anecdotes, astuces…).




Le Green Friday fait des émules


Alors que le mouvement du Green Friday mobilise aujourd’hui de plus en plus de marques et d’entreprises, d’autres mouvements voient le jour, avec le même objectif : boycotter ou détourner le Black Friday.

Le Blue Friday appelle les citoyens à prendre un moment durant cette journée pour collecter des déchets et ainsi protéger les océans. Le mouvement est lancé par des américains : United By Blue, qui a été fondé en 2010, pour réduire le nombre des déchets dans nos océans.


Le Green Friday et le Blue Friday ont pour objectif d’interpeller les citoyens sur les enjeux néfastes de l’hyperconsommation sur notre environnement. En tant qu’acteurs, nous avons le choix : que ce soit en définissant nos réels besoins ou pendant l’acte d’achat. Ainsi, nous pouvons façonner le monde de demain en adoptant des gestes simples au quotidien, mais ayant un impact considérable.

 

Loin d’être contre la consommation, nous sommes convaincus que celle-ci doit et peut retrouver un juste équilibre pour devenir plus durable et responsable : le Green et le Blue Friday méritent de prendre autant d’ampleur que le Black Friday.

 

Sources et références :






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